La bataille de Carrhae (Harran, 53) dans le désert de Syrie , qui opposait les légions romaines, commandées par Licinius Crassus Dives [25] (I) (115 - 53) la cavalerie parthe du roi Orodès Ier (55 -37), commandée par son général Suréna, vit la défaite écrasante des légions romaines et la mort de Crassus et de son fils Publius.
Certains Romains en garnison dans les villes de Mésopotamie qui tentèrent d’en sortir rapportaient des récits inquiétants pour leurs troupes : "On ne peut échapper à ces hommes quand ils poursuivent , ni les prendre quand ils fuient. Leurs flèches ont des ailes et devancent la vue avant d’apercevoir le tireur, on est transpercé. Quant à leurs cavaliers cuirassés, ils ont des armes offensives qui pénètrent tout, et des armes défensives qui ne laissent rien passer."
Crassus fit établir sa base à Carrhae et mena son armée sur Séleucie, la vieille capitale babylonienne, mais il n’alla pas loin, accueilli par une grêle de traits qui tua et blessa bon nombre de soldats. Ils se replièrent sur leur infanterie lourde causant un début de panique et de frayeur lorsque les Romains virent avec quelle force et quelle vigueur les flèches perçaient les armures et tous les obstacles.
Les Parthes, se tenaient à distance et commencèrent à lancer de loin leurs traits de plusieurs directions à la fois, sans viser avec précision car le carré romain était si serré et si épais qu’il leur était impossible de manquer leur but, ils portaient ainsi de violents et rudes coups grâce à la puissance de leurs grands arcs dont la large courbure chassait la flèche avec une force irrésistible. Dès lors la situation devint critique pour les Romains.
S’ils restaient sur place, ils étaient tués ou blessés, et s’ils essayaient d’avancer contres les ennemis ils en étaient empêchés car les Parthes leur échappaient en fuyant, se retournaient subitement et leur décochaient des flèches. C’était une tactique dont les Scythes étaient les maîtres, et dont l’extrême adresse consistait à repousser les adversaires tout en se sauvant, ce qui ôtait à la fuite son caractère honteux.
Les Romains espéraient que les Parthes épuiseraient leurs traits et qu’ils arrêteraient le combat ou qu’ils en viendraient aux mains. Ils s’aperçurent que ces derniers, après avoir tiré leurs flèches, allaient se ravitailler en traits auprès d’un corps de chameliers qui disposait de mille chameaux et de deux cents chariots, et qui était chargé d’amener sans interruptions les projectiles aux combattants.
Crassus qui perdait courage envoya des messagers à son fils avec l’ordre de venir à son secours car il supportait le plus gros des combats. Publius emmena avec mille trois cents cavaliers, cinq cents archers et huit cohortes de soldats munis de longs boucliers. Les Parthes avaient placé leurs cavaliers cuirassés devant, face aux Romains de Publius, et avec le reste de la cavalerie ils avaient provoqué un énorme nuage de poussière de sable en faisant marteler le sol par leurs chevaux. Cette poussière gênait considérablement les Romains dans leur manoeuvre et les empêchait de voir leurs ennemis.
Pris au piège dans un espace réduit ils tombaient les uns sur les autres percés par les flèches et mouraient dans des souffrances et des convulsions horribles ; en chutant ou en essayant de retirer les flèches, ils brisaient la hampe, et les pointes émoussées ou tordues restaient dans leurs plaies.
Publius les exhortait à aller se battre contre les Parthes ; ils lui montraient leurs mains clouées à leurs boucliers ou leurs pieds percés de part en part et fixés au sol, si bien qu’il leur était impossible de se battre ou de fuir.
Les cavaliers parthes de rang inférieur ou serviles chevauchaient sur les flancs de l’armée romaine, la criblaient de traits pendant que la cavalerie cuirassée réduisait son espace. Quelques Romains, pour ne pas périr par les flèches, tentèrent une percée avec une audace inouïe, et périrent sous les blessures meurtrières des lourdes piques des cuirassés qui pouvaient transpercer deux hommes à la fois.
Publius, le bras percé d’une flèche et qui ne pouvait se battre, demanda à son écuyer de le frapper au flanc. Quelques officiers en firent de même, d’autres se tuèrent, d’autres enfin périrent sous les flèches.
Coupé du gros de l’armée romaine, le contingent de Publius fut anéanti ; cinq cents soldats seulement survécurent au massacre, et les Parthes exhibèrent devant Crassus et ses hommes la tête de son fils.
Crassus, qui savait que les Parthes n’avaient pas coutume de se battre la nuit, et qu’il leur était difficile de le faire car il leur fallait la lumière du jour pour viser avec leurs arcs, décida de partir durant la nuit en abandonnant quatre mille blessés à une mort certaine. Il était sur le point de rejoindre l’armée d’Octavius, lorsque les Parthes l’attaquèrent de jour alors qu’il lui restait deux mille mètres environ à parcourir.
Les Romains se réfugièrent sur une colline au pied de Sinnaca ; Octavius qui avait compris le danger qu’encouraient Crassus et ses hommes, vola à son secours avec quelques soldats ; le reste de la troupe qui se reprochait sa lâcheté de ne pas avoir suivi Octavius se précipita à son tour sur les ennemis et les repoussa de la colline. Plaçant Crassus au milieu d’eux, ils le protégèrent de leurs boucliers et crièrent qu’il n’y aurait pas de flèche parthe qui pourrait atteindre leur général tant qu’un seul d’entre eux serait vivant.
Gaius Cassius, officier de Crassus parvint à mettre dix mille Romains à l’abri. Quant à Crassus et à quelques - uns de ses officiers, lors d’une entrevue proposée par Suréna pour négocier l’arrêt des combats ils tombèrent dans un piège et furent tous massacrés. Crassus eut la tête tranchée ; on la présenta à Orodès Ier qui, quelques temps plus tard fit subir le même sort à Suréna. Les pertes romaines, après la bataille furent évaluées à vingt mille tués et dix mille prisonniers.