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 Le camp romain

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Caius Benitus Fulgor
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Caius Benitus Fulgor


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Le camp romain Empty
MessageSujet: Le camp romain   Le camp romain Icon_minitimeJeu 16 Juin - 13:56

Contrairement à toutes les armées antiques, lorsque les légions de la Rome antique en campagne quittent la zone totalement sûre, elles construisent chaque soir un camp fortifié (castrum en latin, pluriel : castra). Cette habitude est très ancienne, et remonte peut-être aux réformes de Camille (Marius a plus tard codifié ces habitudes).

Un camp d'étape de quatre légions (16 000 à 20 000 hommes : par exemple Faux-Vésigneul dans la Marne) a une forme rectangulaire, de 655 sur 610 mètres de coté environ (soit une superficie de 40 hectares). Un camp d'hivernage ou permanent serait 2 fois plus grand.

Choix du site;

Pour des raisons tactiques, le lieu est de préférence choisi en hauteur. Mais les critères essentiels sont :
-l'accès sûr et facile (car le camp est établi en fin de journée, donc les troupes sont fatiguées) ;
-la présence d'un point d'eau ;
-des prairies suffisantes pour le fourrage des chevaux et des bêtes de somme utilisées par le train ;
-un terrain le plus uni possible, avec assez de pente pour le drainage : ni bois, ni rochers, ni ravines.

Plan;

Plan du camp romain : 1-Prætorium, 2-Via prætoria, 3-Via principalia, 4- Porta principalia (dextra, droite), 5-Porta decumana, 6-Porta principalia (senestra, gauche), 7-Porta prætoria

Le plan est toujours le même, ce qui permet une construction très rapide. Le tribun et les centurions chargés de l'établissement du camp arpentent le terrain et fixent l'emplacement du prætorium (la tente du général), carré de 60 mètres de côté. Le drapeau blanc planté à cet endroit sert de repère autour duquel s'organise tout le camp : voies, tentes, forum, et enceinte. Derrière l'enceinte, un dégagement de près de soixante mètres est laissé libre afin de permettre des mouvements des unités, et mettre les premières rangées de tentes à l'abri des jets adverses.
Deux voies principales, la via principalis et le decumanus, se coupent à angle droit devant le prætorium. Si le nombre de légions que le camp abrite est plus élevé, une via quintana parallèle à la via principalis est aussi tracée.
Les troupes d'élites campent de part et d'autre du prætorium, formées de fantassins et de cavaliers.
Les valetudinaria sont des zones médicales incorporées au camp à partir de la professionnalisation des armées d'Auguste au moins, et sont les versions militaires des aesculapia.

Les soldats ne commencent à aménager le camp que lorsque le plan est entièrement matérialisé au sol par des fanions de couleur. Le fossé est creusé de façon à ce qu'un talus soit formé (agger). Il est stabilisé par des mottes de gazon. L’infanterie lourde creuse (3000 hommes), pendant que les troupes légères et la cavalerie montent la garde entre l'ennemi et le camp. Ces gardes débroussaillent également le glacis, de façon à empêcher une approche masquée de l’ennemi. Les branchages sont utilisés pour en faire des cervis, des pieux d’arrêt disposés sur le glacis, le fossé ou le talus. Seul le train de bagages entre alors que le fossé n'est pas creusé ; puis au fur et à mesure, l'infanterie lourde entre, suivie de la cavalerie lorsque la palissade (vallum) coté ennemi est posée. Ceci est le discours classique. Un scénario plus proche de l'archéologie et des textes voudrait que chaque soir, les troupes répètent la manoeuvre d'urgence. La colonne (agmen) se divise en deux colonnes qui s'écartent en forme de rectangle (agmen quadrata). Le convoi des mules entre dans le rectangle et l'arrière-garde prend position en ligne sur le dernier côté. Une fois immobilisées et les alignements rectifiés, les troupes passent au travail de retranchement, pendant que les muletiers installent les tentes. Cela se comprend à deux indices : les côtés des camps sont en général droits, mais leurs angles sont toujours approximatifs. Leur périmètre, et souvent chaque côté, est un multiple de 94m, qui doit être une longueur de manipule.

Même pour une seule nuit, celle-ci est toujours construite, malgré les efforts considérables qu'elle demande. Un fossé de coupe triangulaire est creusé tout autour, profond de 2,25 m et large de 4,5 m. La terre est rejetée vers l'intérieur du camp de façon à former un talus (agger) de coupe trapézoïdale (5,25 m de large à la base, 2,75 m en haut, pour une hauteur de 1,25 m). Ce talus, dont le sommet formant un chemin de ronde est assez large pour laisser passer plusieurs hommes de front, est surmonté d'une palissade, formée de pieux portés par les légionnaires. Ces pieux sont hauts d’environ 1,7 m, et pointus aux deux bouts (pour faciliter l’enfoncement et pour améliorer l’aspect défensif). Enfoncés de trente cm, ils rehaussent encore l’escarpe d'1,4 m (soit un total de près de 4 m).
Les portes sont de simples ouvertures dans ce fossé, au nombre de quatre. En avant de cette ouverture, un fossé et un talus obstruent le passage, de façon à ménager une chicane qui ralentit des assaillants éventuels. Ces chicanes peuvent avoir différentes formes (clavicula), la plus courante était le tutulus.

Le plan à périmètre réduit permet de n’occuper qu’une faible partie de la légion à la garde : pour un périmètre de 1000 m, avec un garde tous les 10 à 15 m, seuls 70 à 100 hommes sont tenus éveillés (plus les postes aux entrées et les rondes) soit moins d’un trentième de la troupe. La légion qui repart le lendemain est donc fraîche et dispose, ayant bénéficié d’un sommeil tranquille.
Les velites (troupes légères sous la République) formaient des avant-postes en-dehors du camp, près des portes dont ils assuraient la garde.

Chaque sentinelle désignée par un sous-officier de son manipule se voit remettre par un tribun une tablette de terre cuite (tessera) portant un signe inscrit.
Au cours de la nuit, quatre cavaliers effectuent ensemble quatre rondes. Au début de chaque tour de veille, le clairon sonne, et les rondes commencent. Les cavaliers demandent à chaque sentinelle sa tessera. Lorsqu'une sentinelle est endormie ou a déserté son poste, la chose est constatée et la ronde continue. Les tesseræ sont portées le matin au tribun, qui retrouve le coupable, immédiatement condamné à mort et exécuté par lapidation.

En cas d’attaque;

Tous les 50 m, des postes d’hommes dormant en armes sont prêts à intervenir. Le plan immuable permet, en cas d’attaque, qui ne se fait jamais totalement par surprise, à cause du glacis débroussaillé d’au moins 50 m, à tous les légionnaires de se porter au point prévu sans ordre, selon le plan et les exercices répétés. Cette disposition permet de repousser une attaque soudaine et limitée.
En cas d’attaque en force, le faible périmètre (1000 m) permet d’aligner 3 hommes au mètre, et en faisant entrer l’infanterie légère, de conserver 1500 hommes en réserve pour renforcer tel ou tel point en difficulté. Ces effectifs sont là aussi rapidement en place, la disposition du camp et la place de chacun étant connue à l’avance, un ordre n’ayant pas besoin d’être expliqué. Dans toute l’histoire de Rome, aucun camp défendu par sa légion entière n’a été pris, par attaque de jour ou de nuit, par surprise ou en règle.
De tels camps peuvent tout à fait servir de base à une sortie armée pour combattre l’ennemi, la légion ayant alors un point de repli sûr. Des effectifs de garde importants sont laissés, à la fois pour garder le camp et les bagages. L’avantage, même à effectifs réduits, est que la légion est expeditus : débarrassée de son barda (en marche, elle est impeditus, embarrassée par les impedimenta : chargement personnel de chaque légionnaire, mulets du train des équipages, etc.)

Camps semi-permanents ou permanents;

Le plan est identique, avec une muraille en pierre et un fossé un peu plus profond. Pour l'ensemble de l'enceinte, quatre tours de garde sont prévues.
De nombreuses villes tirent leur origine, voire leur nom, de ces camps romains, principalement dans les anciennes provinces frontières de l'Empire, où étaient établis les forts les plus importants : Castres ou Strasbourg en France ; Barcelone ou Tarragone en Espagne ; Chester, Lancastre, Lincoln ou Manchester en Angleterre ; Cologne, Bonn ou Mayence en Allemagne ; Nimègue aux Pays-Bas ; etc.

RESUME;

A la différence de toutes les autres armées de l'antiquité, dès que le "rayon d'"action" des armées dépassait les zones considérées comme totalement pacifiées, donc sûres, les Romains prirent l'habitude d'élever un camp retranché léger pour chaque halte, ne fût-ce que pour une nuit. Nous ne savons ni qui eut l'idée de ces dispositions, ni la date de leur entrée en vigueur : sans doute après les réformes de Camille, mais bien avant celles de Marius qui se limitent à réglementer une habitude déjà ancienne. (Milieu du IIIème siècle ?) A cette époque une légion comprenait, à pleins effectifs, un total de l'ordre de 4500 légionnaires ( non compris cadres de grade supérieur à celui de centurion, personnels administratifs, etc. ), plus un nombre variable de cavaliers ( quelques centaines ) et de fantassins légers - frondeurs, archers - alliés ou mercenaires. Chaque légionnaire était porteur, outre armes, outils, équipement et "barda" individuel, de deux piquets de section carrée, d'une dizaine de cm de côté, appointés aux deux extrémités et d'une longueur de 1,70 m environ. En fait ils ne pouvaient pas être plantés rigoureusement juxtaposés-jointifs en raison des ligatures près du sol et du sommet et, compte tenu des entrées, une légion pouvait se retrancher à l'intérieur d'un périmètre de 1000 m, généralement rectangulaire. Pour fixer les idées, un ordre de grandeur courant ( pour peu que le terrain s'y prête ) était un rectangle de 300 sur 200 m, soit 6 hectares ou 60 000 m2, Les piquets étaient enfoncés d'une trentaine de cm dans la terre provenant des déblais d'un fossé creusé en avant, déblais servant à établir un chemin de ronde pour les sentinelles. Fossé triangulaire, de 4,5 m de large et 2,25 m de profondeur; remblai de coupe trapézoïdale, de 5, 25 m à la base, 2,75 m au sommet, pour une hauteur de 1,25 m. ( Terre de déblai tassée au point de non "foisonner".)

Les éventuels assaillants devaient descendre dans le fossé, remonter une escarpe 124 de 3,50 m puis franchir le "mur" de piquets pointus - 1,40 m - avant de se trouver devant les boucliers des défenseurs, lesquels pouvaient aligner 3 légionnaires au mètre linéaire d'enceinte tout en conservant une réserve de 1500 hommes, à porter en un ou plusieurs points critiques de concentration d'attaque, ( plus les éventuels cavaliers - agissant alors à pied - et les fantassins légers.)
Ce type de fortification de campagne peut paraître sommaire, car il le serait de nos jours par la concentration des cibles soumises à des tirs de projectiles explosifs tels que des grenades à fusil. Il présentait alors de multiples avantages :

- impossibilité pratique d'une attaque par surprise : outre les sentinelles et les fréquentes rondes extérieures et les branchages d'arrêt ( "cervi" ), le terrain extérieur a été débroussaillé au minimum sur 50 m. De nuit les 4 sorties sont barricadées et munies chacune d'un poste de garde nombreux; - ouvrage capable de ralentir le premier élan d'une attaque subite "en force" : outre l'ouvrage par lui-même, avec sentinelle tous les 10 à 15 m, plusieurs postes d'hommes dormant tout équipés sont répartis de 50 en 50 m le long des 4 côtés; - enfin, point important, plan général standard : chaque homme, en cas d'alerte, sait où il doit se porter et ce qu'il doit y faire. De même, chaque fraction des réserves se porte au point où elle a à intervenir sur un ordre qui ne nécessite aucune explication.
Le même plan est donné, à échelle diverse, aux camps permanents, mais avec muraille pierre. On a pu dire que le légionnaire aurait pu se déplacer dans son camp, provisoire ou permanent, les yeux fermés.

Nous n'avons pu trouver dans toute l'histoire de Rome ( mais nous pouvons faire erreur ) un seul exemple de camp d'étape d'une légion enlevé par une attaque-surprise diurne ou nocturne, la totalité de la légion étant présente dans ce camp.
Si la légion quitte son camp pour combattre à proximité - en y laissant des effectifs de garde, non négligeables semble-t-il - elle y laisse les bagages, outils, etc.
Le légionnaire est alors "expeditus" : libre de ses mouvements pour combattre, par opposition à sa situation en marche de déplacement où, surchargé, il est "impeditus" : embarrassé. Malgré la présence - souvent théorique - d'un mulet par 10 hommes pour porter la tente de groupe et les gros bagages, le légionnaire se donnait malicieusement à lui-même le surnom de "mule de Marius". C'est, de fait, en déplacement et malgré les éclaireurs, que la légion est la plus vulnérable; plus particulièrement si elle doit escorter des épouses, enfants et autres personnes civiles : ce fut le cas en 9 ap.J.C. pour les 3 légions de Varrus, écrasées par les Germains dans la forêt de Teutoburg grâce à une remarquable et gigantesque action d'embuscade.
L'établissement quotidien d'un camp provisoire peut sembler constituer un ouvrage considérable. Mais en y consacrant 3000 hommes, par équipe de 2 ( 1 piocheur et un pelleteur ) chaque équipe avait à traiter ( creusement du fossé, constitution et tassement du chemin de ronde ) à peine plus de 3 m3, travail que ces soldats-paysans exécutaient en 2 heures sur terrain convenable reconnu par des éclaireurs.
Dans le même temps les quelques 1500 à plus de 2000 hommes, non pris par ce travail de terrassement, débroussaillent le glacis, préparent les branchages cervi le dispositif de fermeture et défense des 4 sorties, et procèdent au piquetage interne : voies principales et secondaires de circulation, emplacement des tentes, etc.

Les ouvrages de siège - Alésia, etc. - en allant au fond des choses, sont très semblables dans leurs principes à ceux d'un camp, mais le rectangle s'allonge en une bande fermée, plus ou moins circulaire. Le côté tourné vers la ville assiégée, ( la contrevallation ), comporte des tours de guet-combat ( "turris" ) en bois, ( avec -souvent machines lanceuses de traits ) tous les 8O m environ de la palissade ( dite pluteus ), faite de tronc et madriers cette fois, au lieu de simples piquets. Le terrain en avant ( vers la ville ) est coupé par des fossés remplis d'eau si possible; à défaut d'eau, de pieux appointés ( cippi ); les zones planes sont semées de fosses coniques dont le fond reçoit des pointes de fer ( stimuli ) ou des tripodes de bois à pointe effilée ( tribules ). S'il y a possibilité - fréquente - de l'arrivée d'une armée de secours aux assiégés, une seconde ligne, de défense, est tournée vers l'extérieur : la circonvallation, très analogue, mais lui tournant le dos, à la contrevallation. La bande de terrain entre les deux lignes peut être machinée de manière à canaliser un ennemi ayant réussi à franchir soit l'une, soit l'autre des deux lignes. Certaines zones sont aménagées en camps : même le robuste et l légionnaire a besoin de se nourrir et de dormir. , La différence principale réside dans la formidable ampleur des travaux. Pour Alésia, par exemple - qu'il s'agisse du site d'Alise-Sainte-Reine comme on l'a longtemps pensé, ou de celui de Syam-Chaux de Crotenay ( qui correspond mieux aux descrïptions des Commentaires ) - le seul volume de terrassements a été évalué à 2 000 000 de m3.
Des fortifications de campagne peuvent être établies, à la hâte, pour améliorer une position juste avant la bataille ou décourager l'ennemi. ( Ex : "mur" élevé par César contre les envahisseurs Helvètes. Guerre des Gaules Livre 1. VIII.)
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