AVE BAGACVM Groupe de reconstitution historique antique. |
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| L'entraînement et l'équipement du soldat romain | |
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Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 16 Juin - 13:37 | |
| Pendant longtemps - c'est à dire, jusqu'au déclin de l'Empire, gagné par une sorte de torpeur dans tous les domaines - l'entraînement des recrues fut long, intense et minutieux : mise en condition physique générale par le sport - avant le mot - y compris la natation chaque fois que possible, emploi de l'armement, ( où l'effort était porté sur l'escrime et le jet du pilum ), exercices collectifs.
Végèce souligne avec une telle insistance l'importance de l'entraînement à la marche qu'une partie de son texte mérite d'être citée : Aucun sujet ne mrite d'être autant surveillé; que ce soit au cours des déplacements ou au combat ( Il convient que les recrues apprennent, par une pratique permanente, à marcher rapidement et en bon ordre. car si une armée est mal alignée (au combat), ou dispersée ( en déplacement ) du fait de traînards, elle se trouve sérieusement en danger face à l'ennemi. ( Le jeune soldat doit être entraîné de manière fréquente au transport d'une charge de ( environ 27 kg ) puis plus, à la cadence militaire, car au cours des campagnes difficiles il aura à faire face à la nécessité de porter ses armes, son équipement, et ses rations. Ne pensons pas que ce soit malaisé si l'habitude en a été acquise : il n'y a rien que l'habitude ne rende facile. ( Il crie dans le confort de son cabinet de travail.)
Il existait en effet deux cadences de marche : la cadence militaire normale, et cadence rapide. La première correspondait 5 km en 50 mn puis 10 mn de pause ( en unités arrondies ), et ainsi de suite. La seconde à 7,2 km par heure de marche avec pauses limitées au minimum. Jusqu'aux troupiers de Bonaparte aucun soldat ne se déplacera à pied aussi vite et longtemps que le légionnaire romain : avantages stratégique, opérationnel et tactique considérables. Formation terminée, le légionnaire continue à être soumis à des marches d'entretien. Au moins trois fois par mois, anciens et jeunes soldats, chargés de tout le "barda" réglementaire - une "bonne" quarantaine de kg - participaient à une journée d'exercice de marche ( l'"ambulatura" ) consistant à aller à une vingtaine de km du camp et en revenir, en alternant cadence militaire et rapide. Dans toute la mesure du possible ces exercices avaient lieu en terrains variés - végétation, pentes, cours d'eau - pour que les hommes s'habituent à des paysages divers. Les traînards étaient d'abord réprimandés, puis sévèrement punis en cas de récidive. Naturellement, l'ambulatura avait lieu au jour fixé; quelque pénible que soit la situation météorologique. Dans ces conditions une étape journalière de 40 km ( à cadence normale : militaire ) représentait une norme pouvant être soutenue à volonté. A marches forcées la Légion pouvait, jour après jour, couvrir des étapes de 60 km sous réserve de se mettre en route encore plus tôt que normalement.
Remarques: ces déplacements rapides ne pouvaient concerner que la troupe seule. En escorte de civils ou de convois, la vitesse moyenne baissait du 1/3 environ, et la longueur d'étape quotidienne tombait à 25 km environ; la "cadence rapide" n'est jamais une marche de longs déplacements. Elle n'était prise qu'en cas d'urgence, et sur distance limitée, pour aller renforcer une troupe déjà engagée dans un combat, ou sur le point de l'être. | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 16 Juin - 13:38 | |
| Casque;
Bien que le bronze soit rare, donc coûteux, c'est de ce métal que furent réalisés les casques jusque vers l'extrême fin du IIIème siècle, par coulée de la calotte et soudure des garnitures et ornements : le forgeron ne savait pas encore réaliser des "surfaces non développables" à partir de l'acier. ( En fait, le citoyen-paysan- soldat, devant s'équiper à ses frais, utilisait autant que possible ce qui restait de l'équipement de ses ascendants, voire de leurs - de ses - prises de guerre. C'est dire que l'uniformité était loin d'être la règle). Le casque typique romain est alors l'étrusco-corinthien rappelant vaguement le modèle grec. Au IIème siècle l'artisan sait enfin réaliser des surfaces non développables à partirfines plaques de bronze au lieu de la coulée. La solidité est égale, pour une épaisseur et un poids moindres, en raison du durcissement par le martelage. Dans un premier temps c'est une copie du "Montefortino" de coulée, à calotte à garde-joues surmontée d'un long plumet, dérivé du casque celte., Mais la réforme de Marius, avec équipement fourni par l'Etat, conduisit à la "grande " série" qui, paradoxalement, fournit de meilleures protections. Le type "Coolus" ( vers -50 ) fut à à la fois simple et rationnel : ajout à la calotte, par soudure, du couvre-nuque, de garde-joues et, nouveauté, d'une visière améliorant la protection du visage contre la "botte" favorite des Gaulois : le coup de taille dirigé de haut vers visant à fendre le crâne. Le casque que l'on pourrait qualifier de classique parce que le seul que semblent connaître les accessoiristes des films dits peplum date des débuts de notre ère. Le forgeron sait alors réaliser des surfaces non développables simples, des calottes, à partir de feuilles de fer doux, légèrement carburées ensuite pour se transformer de l'acier. Le nouveau casque, dit gaulois, est d'ailleurs peu différent du précédent, sauf ajout de "garde-oreilles" et d'un anneau pour le porter accroché à la ceinture ou au barda pour les marches en zone non hostiles. Pour autant, le bronze n'est pas abandonné car Rome peut alors importer cuivre et étain. Vers la fin du IIIème siècle de notre ère, le casque à "nasal" fit son apparition. Il restera utilisé, au moins dans son principe, pendant plus d'un demi millénaire.
Bouclier;
Le passage de la phalange à la légion entraîna l'abandon du bouclier rond ( clipeus ) pour le scutum nom générique de modèles divers, mais présentant tous la caractéristique d'être allongés et beaucoup mieux adaptés à la protection de l'homme maniant le glaive. Polybe donne au bouclier une hauteur de 1,10 à 1,20 m, pour une largeur de 65 à 70 cm. Épaisseur variant du centre vers les bords de 20 à 13 mm environ, en deux couches de planches collées - sans doute à "fils" perpendiculaires - et un cerclage métallique qui protège le bouclier des coups de taille. L'ombo ( umbo ) central, de bois d'abord est ensuite couvert d'une calotte métallique qui permet au légionnaire d'employer son bouclier pour "cogner".
De manière générale le bouclier romain, après avoir été oblong vers le IIIème siècle, devint presque toujours rectangulaire ( avec coins légèrement arrondis pour une meilleure tenue du cerclage). La "mode" revint parfois à des formes plus ou moins elliptiques ou à pans coupés obliques, plus légères, mais rarement pour longtemps : seul le bouclier rectangulaire permettait soit de constituer un "mur" sans fissures laissant passer des projectiles, et plus encore, de prendre la formation d'assaut dite "en tortue" où la centurie est abritée de face, de flanc et par côtés jusqu'à l'arrivée au corps à corps. Le retour "stable" à la forme ovale, après +150, est un des premiers signes de décadence de la légion : le recrutement médiocre et/ou l'entraînement ne permettent plus de porter longtemps le lourd bouclier rectangulaire. En règle générale le bouclier est revêtu sur sa face avant d'une fine feuille de cuir, peinte aux couleurs et motifs distinctifs de chaque légion.
Cuirasse;
Ici encore, jusqu'à la réforme de Marius, chaque soldat devait acheter sa cuirasse s'il ne s'en trouvait pas dans l'héritage de ses ascendants. Les modèles étaient donc très divers : depuis la simple plaque de métal fixée par des courroies devant la !poitrine jusqu'à la cote d'écailles arrivant jusqu'à mi-jambes. Après cette réforme, et malgré un coût de revient élevé, la cote de maille "treslie" ( anneaux entrelacés) ou d'écailles devint la norme - en principe - jusqu'au premier siècle de notre ère ( vers +30/40 ) où apparut la cuirasse de lames de fer articulées, la Lorica ntata protégeant le torse et les épaules. Par un curieux retour des choses on revenait donc ainsi à un principe voisin de celui de la Panoplie de Dendra 1500 ans après, mais sous une forme plus légère, beaucoup plus souple, et plus résistante aux coups. ( C'est aussi cette cuirasse qui est choisie par les accessoiristes des peplum même lorsque l'action se passe bien des siècles avant l'adoption de cet équipement.)
Jambières;
Pendant la période où les forces romaines furent du type phalange, il semble ( que les soldats portaient des cnémides; de bronze pour les plus fortunés et de cuir pour les autres. Après la réforme de Camille, et radicalement après celle de Marius, cette protection fut abandonnée : la liberté du jeu de jambe de l'escrimeur doit être totale | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 16 Juin - 13:38 | |
| Lance;
Elle fut, avec l'épée, l'arme de la phalange des débuts de Rome. Nous ne possédons, malheureusement, que de très vagues notions sur cette phalange ( composition, formation de combat ) donc sur la tactique d'emploi qui pourrait en être déduite. On peut supposer qu'elle s'inspirait de la phalange grecque; ceci, à travers les Étrusques - dont nous ne connaissons pas mieux les armées mais qui avaient des relations suivies ( commerciales notamment ) avec l'Hellade. Après la "réforme de Camille" la lance armera encore pendant un siècle, environ, la troisième ligne de la légion : celle des triaires; les vétérans encore robustes mais n'ayant plus l'agilité de la jeunesse, chargés, en situation critique, de résister assez longtemps pour les survivants de la première ( hastaires ) et de la seconde ligne ( princes ) puissent reprendre souffle et être reformés en deux ou une ligne(s) selon les pertes ) cohérente(s) pour reprendre le combat. Nous y reviendrons. Vers la fin de l'Empire, toutefois, dans les forces dépendant de Rome - car on n'ose plus dire "les Romains" - la lance revint en honneur dans la cavalerie, et aussi dans certaines unités d'infanterie de "limes" ayant précisément à affronter des envahisseurs à cheval.
Epée;
épée romaine typique est le glaive - "gladius". C'est une arme robuste, à lame large et courte ( ordre de 60 cm ), permettant la frappe de taille directe ou de revers, et le coup d'estoc. En fait le long entraînement des recrues à l'escrime est surtout axé sur le coup d'estoc, porté du bas vers le haut à l'abdomen ou la poitrine de l'adversaire. , A partir du 1er siècle avant notre ère le glaive s'affinera et s'allongera, jusqu'à atteindre près de 80 cm sous le Bas Empire.
Javelot;
L'arme principale - le "pilum" - est utilisée par le légionnaire et non par les auxiliaires, "tirailleurs" d'infanterie légère, à la différence des habitudes greco-orientales. Le pilum est constitué d'une longue tige de fer ( un peu plus du 1/3 de l'arme ) fixée sur un manche de bois. L'ensemble donne une longueur de l'ordre de 2,10 m pour le pilum lourd et 1,80 m pour le léger. Ce dernier est lancé lorsque l'adversaire est à une trentaine de m de la ligne romaine, ce qui demande un sérieux entraînement, puis le légionnaire redouble avec le pilum lourd à une vingtaine de mètres et dégaine le glaive pour le corps à corps. ( Au fil des temps le pilum lourd s'allègera, le léger s'allongera, si bien qu'au premier siècle de notre ère les deux pila seront identiques.) Le pilum a existé successivement sous deux formes grâce aux progrès techniques de la métallurgie, mais ils visaient à obtenir les mêmes résultats : dans un premier temps la tige d'acier est fixée sur le manche par un rivet de métal - avec léger jeu longitudinal- et une cheville de bois qui casse au choc. Ultérieurement la tige porte une douille dans laquelle vient s'emboîter le manche; mais si la pointe continue à être en acier, la suite de la tige est en fer doux pliant au choc ( carburation différente de la pointe et de sa tige). Dans les deux cas la pointe est munie de deux "ardillons" qui s'opposent à son arrachement quand elle est fichée.
Ces dispositions, très ingénieuses, visent les résultats suivants: - si le légionnaire a manqué sa cible et touché le sol, l'arme, pliée ( cheville de bois rompue ) ou tordue ( tige de fer doux ) ne peut être renvoyée par l'adversaire : munition à sens unique ; - si le pilum a atteint un bouclier - bois ou cuir sur bois - il y reste fixé par la pointe à ardillons. Mais, replié ou tordu il gêne l'adversaire qui se trouve dans le dilemme de se débarrasser de ce bouclier - d'après César, les "Celtes" font ce choix - et être à découvert, ou de le conserver mais en étant très handicapé par le manche traînant sur le sol. Arrivé au corps à corps, le légionnaire, longuement entraîné, donnait un violent coup de pied sur ce manche de façon à arracher le bouclier des mains de son ennemi, ou au moins l'amener à se découvrir un instant tout en le déséquilibrant. Le coup d'estoc du glaive faisait le reste. D'autres types de javelots existèrent pour les troupes légères ( "vélites" ) de la République - jusque vers -150- puis celles des forces auxiliaires, chargées du harcèlement de l'ennemi avant la bataille proprement dite. Il s'agissait d'un javelot court - 1,20 m environ - assez léger, le "verutum". Il était muni d'une lanière de lancement ( "amentum" ) jouant très exactement le rôle du propulseur de la préhistoire pour augmenter la portée et qui, de plus, enroulé de 1 ou 1 et 1/2 tour sur l'arme, lui donnait une rotation maintenant mieux l'axe du projectile sur sa trajectoire. Le verutum ( aux mains d'un homme exercé ) aurait eu une portée d'une bonne cinquantaine de mètre. , Végèce, enfin fait mention du plumbatum qui semble être une flèche à main lestée, de plomb en principe comme son nom l'indique. ( Mais la "plumbatae" est une simple boule de plomb servant à l'entraînement des muscles au jet.)
Fronde;
C'est aussi une arme des troupes légères qui, avant la bataille, permet le harcèlement à "longue" portée. Ensuite les frondeurs les plus habiles, s'étant portés aux ailes, pouvaient harceler des renforts ennemis ou commencer à semer le désordre dans une charge de cavalerie ( plus en touchant les chevaux que les hommes). Rappelons que mathématiquement la fronde ne permet que le tir sur zone. Les Romains ne seront jamais des frondeurs réputés. Avec l'extension de l'empire, ( mais bien avant l'Empire ) ils recruteront des spécialistes à Rhodes et aux Baléares.
Arc;
Cette arme - sauf peut-être aux origines - n'appartiendra pas à la panoplie romaine proprement dite. Toutefois elle sera utilisée par certaines troupes auxiliaires. Nous n'avons pu trouver d'explication à cette sorte de répugnance. Pourtant, plusieurs auteurs - Salluste, Tite-Live, etc. - ont fait remarquer que l'arc et la flèche avaient été la cause de lourdes pertes, parfois de défaites, pour Rome. Les archers, mercenaires, étaient surtout recrutés en Crète.
Artillerie névrobalistique;
Les balistes, catapultes, scorpions et autres machines lançant des boulets de pierre et/ou des traits mi lourds, ont été employés relativement tardivement par rapport au onde greco-oriental. Ce retard peut tenir diverses causes : la pluviosité annuelle est supérieure, à Rome et sa région, à celle de la Grèce et du Proche-orient. Par ailleurs les pluies dans le Latium se produisent au printemps et à l'automne surtout; en zone greco- orientale, seulement en hiver. Enfin, avec l'expansion, les armées romaines furent amenées à combattre dans des régions à climat océanique, où même en l'absence de pluie l'air peut avoir un taux d'humidité important. , Or les faisceaux élastiques des machines donnent des portées très irrégulières selon leur humidité, et peuvent pourrir rapidement sauf à les détendre, démonter, sécher et conserver en emballage étanche, tel qu'une urne. Si l'on peut concevoir cette mise à l'abri pour des engins lourds, de siège, dont toute la partie de bois sera fabriquée sur place, il n'est pas question de le faire pour les lanceurs légers, de campagne, dont l'intervention sera généralement urgente. Peu à peu, pourtant, à partir de -100 environ, l'habitude se prit d'utiliser de tels engins légers, portés sur chariots mais déplaçables à bras., Vers - 50 l'introduction de pièces métalliques dans le cadre de tension permit d'augmenter l'angle de rotation des "bras" de l'arc de la machine, donc la vitesse initiale. Cette baliste améliorée reçut le nom de "scorpio". Puis, vers la fin du premier siècle de notre ère, de nouvelles améliorations furent apportées : à la fois par une nouvelle augmentation de l'angle de torsion et, surtout, par la disposition des faisceaux de "nerfs" ( ou cordes, crins, cheveux..). à l'abri des intempéries; ils furent placés dans des cylindres métalliques fermés aux extrémités par des demi- sphères. Enfin, les systèmes de visée furent améliorés, puisque devant servir pour des machines aux performances à peu près constantes, qu'il pleuve ou non. Ces derniers engins furent les "cheirobalistes" ( ravageuses en grec ) ce qui laisse penser qu'une fois de plus les Romains s'étaient inspirés de réalisations d'ingénieurs grecs, ou avaient "importé" ces ingénieurs. | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 16 Juin - 13:38 | |
| Depuis Alexandre, César semble avoir été le seul "Grand capitaine" à avoir réalisé pleinement l'intérêt d'une artillerie de campagne nombreuse, employée à bon escient dans la bataille ou s'ajoutant aux grosses pièces de siège. Par exemple, il note pour le siège d'Avaricum que ses scorpions abattaient les uns après les autres les gaulois qui se succédaient sur un point très exposé, mais vital pour essayer d'incendier une tour d'assaut romaine. De nuit, dès qu'un flèche incendiaire partait de ce point, une batterie de scorpions déclenchait son tir, abattant à coup sûr le courageux archer gaulois. Ces détails montrent la remarquable précision des engins, agissant en "tir préparé" dans notre langage militaire actuel. Les succès de César - contraint de ménager le sang de ses hommes : moins du 1/20ème de la population male adulte de la Gaule à l'apogée du nombre des légions - firent école Sous l'Empire l'artillerie réglementaire comprit une catapulte - à boulets - par cohorte et un scorpion - lanceur de traits - par centurie, soit pour la légion "standard" de cette époque, 10 catapultes et 64 scorpions de campagne. Pour un siège, jusqu'à 50 catapultes lourdes par légion, construites ou remontées sur place, venaient s'ajouter aux machines de campagne.
Ces engins étaient servis par des spécialistes, "artilleurs" non prélevés sur les formations d'infanterie. ( En cas de siège, des auxiliaires extérieurs à la légion aidaient au service des pièces.) Végèce indique pour les engins de campagne ( traits ou boulets ? ) une portée maximale de l'ordre de 1000 m, en trajectoire "courbe" : tir sous angle de l'ordre de 40°; et de 400 m environ en tir rasant, ce qui est manifestement exagéré puisqu'il faudra attendre la deuxième partie du XIXème siècle pour obtenir la rasance des balles sur 400 m. ( Mais peut-être la notion de rasance de Végèce ne coïncide pas avec la notre : les canons Gribeauval tiraient "rasant" à 400 m... grâce aux ricochets sur le sol). La cadence de tir, d'après les engins reconstitués à l'échelle approximative de 1/2 par Erwin Schram, pouvait être de un coup toutes les 20 s pour les scorpions; toutes les 30 s pour les catapultes légères à boulets. L'artillerie de campagne d'une légion de l'Empire pouvait donc tirer 192 traits lourds ( environ ) et 20 boulets par minute. ( Boulets de 9 kg.)
Autres machines de siège.
Les béliers sous tortue tours et échelles d'assaut, travaux de mine et sape, etc., ne diffèrent pas sensiblement des réalisations du monde greco-oriental. Toutefois, soulignons-le encore, presque tous les fantassins étaient en mesure de participer à la construction sur place de ces engins, ou de procéder aux travaux - parfois gigantesques - de terrassement : sauf pour quelques spécialités pointues comme le travail de mine, le légionnaire tenait à la fois de l'Infanterie, du Génie et du Matériel. On notera qu'en matière de moyens de la fonction agression, comme ailleurs, Rome n'a innové qu'au plan de l'adaptation de techniques empruntées à l'extérieur. Mais ces améliorations toujours ingénieuses et pratiques, mises en oeuvre par par des forces dont les qualités - moral; état physique; esprit civique; courage; discipline; entraînement - resteront longtemps sans rivales, ont permis l'établissement durable d'un empire aux dimensions jusqu'alors inconnues.
Ce ne sont pas ses armes qui, pendant tant de siècles, ont assuré la supériorité de Rome puisque tous ses adversaires auraient pu les imiter, ( et ce, d'autant plus facilement que le traditionnel conservatisme romain ne les a faites évoluer que très lentement); c'est la valeur de ses armées; et aussi l'inflexible volonté du pouvoir politique permanent : le Sénat, cette "assemblée de rois". Le passage de l'armée romaine à l'armée de l'Empereur fut, malgré de brillantes relances , la cause principale de la fin de Rome. Comme le note P. Chaunu ( Histoire et décadence ) cette armée est devenue un corps à part, radicalement séparé d'un pays qui se désintéresse totalement du métier des armes. Or : " La sécurité ne s'achète pas. Elle s' acquiert quotidiennement." | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 16 Juin - 13:39 | |
| Le soldat romain ne disposait pas librement des armes qu’il devait acquérir et entretenir avec sa solde. La circulation des épées et des poignards était relativement contrôlée par l’état. De plus, en Gaule, on ne déposait pas les armes d’un soldat dans sa tombe sauf si c’était un personnage de haut-rang pour lesquels l’armement correspondait à un statut social autant qu’à une fonction. 1)L’entrainement de base Le soldat effectue des marches, 3x/mois et de 30 km chacune, une partie au pas de marche et l’autre au pas de course. Il apprend également à conserver la place qui lui a été assignée au sein de son unité et cela quels que soient les mouvements de la troupe ou sa disposition tactique. C’était une des parties les plus longues à assimiler. Mais les romains estimaient qu’ils représentaient la clé de la réussite pour leur armée.
La seconde partie du parcours se fait à un rythme beaucoup plus soutenu et mouvementé : les cavaliers, exécutent des charges, des retraites, simulent des poursuites et exécutent diverses manœuvres. Le légionnaire doit également apprendre à marcher selon 2 rythmes différents : - le pas militaire grâce auquel, dans de bonnes conditions, il peut parcourir 30km en 5h tout en portant un paquetage de 20kg + leur équipements. - le pas allongé qui permet de courir 35 km durant le même laps de temps Cet entrainement élémentaire est complété par toute une série d’exercices physiques (saut, course, natation) mais il est surtout l’occasion pour le jeune soldat de construire un camp. Un légionnaire ne s’arrêtait jamais le soir sans avoir construit un camp. Comme cette corvée réclamait une certaine habitude pour être effectuée rapidement et correctement, il était essentiel que chacun apprenne le rôle qu’il aurait à tenir. On entrainait les jeunes recrues à construire des camps d’exercices afin que la technique de construction soit parfaitement assimilées, les novices répétaient cet exercices 2x/jour. Tandis que les autres déjà plus exercés n’étaient astreints à le faire qu’une fois. 2)L’entrainement aux armes (d’après Végèce) Une fois l’entrainement de base terminée, arrive le moment de l’entrainement aux armes. Cette partie de l’instruction reprend les techniques mises au point dans les écoles de gladiateurs. Le légionnaire reçoit des armes factices d’un poids double comparé à l’arme réel : un bouclier en osier, une épée et un javelot entièrement en bois.
Avec ces armes, il s’exerce sur un pieu planté et dépassant du sol de 1m80. Esquivant, visant une tête ou les jambes imaginaires, reculant, le légionnaire apprend surtout à frapper au bon endroit sans s’exposer, notamment en ne frappant jamais de taille avec son glaive, ce qui découvrirait son flanc droit. Il apprend à lancer son javelot sur des objectifs divers et ce jusqu’à ce que les muscles de son bras droit soit tout à fait rompu à cet exercice qui requiert une certaine force. Une fois accoutumée à ces différentes techniques de combat, le futur légionnaire entame la seconde partie de son entrainement qui porte le nom d’ « ARMATURA ». Il s’agit d’appliquer à la réalité les leçons déjà apprises puisque les exercices se feront à armes réelles. Cet entrainement se fait en opposant les hommes dans des duels simulés, glaives et javelots sont rendus inoffensifs grâce à un manchon en cuir qui recouvre leur pointe. Afin que l’exercice soit le plus réel possible, récompenses et punitions sont de rigueur. Les maitres d’armes reçoivent double ration de nourriture, tandis que les recrues manquant d’adresses doivent se contenter d’orge à la place du blé. Cette punition était levé au moment où le fautif a démontré son talent au cours d’exercices accomplis en présence de l’ensemble de la troupe et de l’Etat-major. La dernière étape de la préparation physique consiste en une série d’exercice spectaculaire dont le plus impressionnant est celui qui oblige le légionnaire à sauter sur le dos d’un cheval en mouvement d’abord sans arme puis avec l’équipement. Cet exercice n’est pas uniquement réservé aux futurs cavaliers mais concerne tous les fantassins pour qu’il y est une sorte de test final sanctionnant leurs aptitudes. 3)L’entrainement en campagne La participation à une manœuvre en campagne marque l’ultime étape de l’entrainement du légionnaire. A cette occasion seront mises en pratiques diverses techniques inculquées auparavant. Lorsqu’il se déplace, le légionnaire emporte avec lui une quantité impressionnante d’objet et d’outils. Hormis les légionnaires romains, ce n’est qu’au moment de la 1ère guerre mondiale que les hommes auront à transporter un chargement aussi important. La nature de cette charge et surtout le poids réel est à l’origine de nombreuses controverses. On l’estime entre 30 à 40kg.
Le légionnaire porte se sarcinae sur un baton. Cette sarcinae comprenait différents éléments, comme le SAGUM (sorte de manteaux épais) servant à l’occasion de couverture, des objets personnels enfermés dans une sorte de sac en cuir. Il y avait aussi une série d’outil comme : - une scie - une hache - une pioche - une courroie en cuir - ration de nourritures sous formes de blé non moulu et de viande séchée. Pour 3jours et parfois pour 15 jours ou plus selon les régions ou le ravitaillement est difficile. La boisson militaire est la « POSCA », de l’eau mêlée de vinaigre pour lieux étancher la soif. En route le légionnaire tient le paquetage de la main gauche, il porte au coté son bouclier recouvert d’une housse de toile ou de peau afin de ne pas endommager la décoration. Les bagages les plus importants sont chargés sur des animaux de bâts ou véhiculés dans les chariots. Il s’agit surtout de la tente en cuir que partage 8 hommes d’une section (contubernium) et les instruments de cuisine. Au cours de et entrainement, les recrues sont davantage familiarisées avec les différentes tactiques de combat à l’échelle réelle et finissent de habituer aux diverses formations de la légion (tortue, carré, cercle,…). C’est à la fin de cet exercice que les jeunes soldats abandonnent le statut de recrues et sont mêlés au reste de la troupe. Afin de conserver aux troupes déjà aguerries un niveau de combativité excellent, de véritables révisons mensuelles sont mises en place. A cette occasion, cavalerie et infanterie sont concernées. Elles accomplissent 3x/mois des marches de 15km en ordre avec le paquetage de campagne. | |
| | | LUPUS
Messages : 10 Date d'inscription : 16/06/2011
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Ven 24 Juin - 10:05 | |
| Puis-je te demander ce citer TES sources ? Nous, qui avons "marché", avons des vues plus nuancées ...Au-delà des textes, il reste des réalités ! Merci. | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Ven 24 Juin - 11:50 | |
| J'ai oublié de remettre la source en copiant/collant de l'ancien forum.
C'est sur wikipedia. Je comprends très bien que tout soit contestable, mais il y a la base pour les néophytes. | |
| | | LUPUS
Messages : 10 Date d'inscription : 16/06/2011
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Ven 24 Juin - 12:24 | |
| Tu as parfaitement raison ! Il n'est pas question, pour moi, de contester quoique ce soit, du moment que ce ne sont, ni des élucubrations, ni des énormités !Nous ne sommes pas là pour affirmer une quelquonque "vérité" : nous nous contenterons d'aligner notre modestie au nombre de kilomètres parcourus ! Nous aurons l'occasion d'exposer nos expériences (je n'ose dire "expérimentations", quoique ...), un jour! Merci de préciser tes sources! Une simple chose : devant les moyennes horaires rapportées et le barda embarqué, les nombres risquent de faire peur aux néophytes ... La réalité est sans doute plus réaliste, fort heureusement ! Il y a toujours eu (et il y a toujours), dans toutes les armées, des groupes d'élite, capables de performances étonnantes : le reste de la troupe suit ... à son rythme ! | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Dim 26 Juin - 19:40 | |
| Nous sommes tout à fait d'accord. | |
| | | Gothofrius Franceus URSUS
Messages : 50 Date d'inscription : 14/06/2011
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 9 Fév - 8:28 | |
| ces infos viennent de moi.
je les ai pêchés sur le net (il y a qq temps) pour une partie et croisé avec des livres sur le sujet que j'ai à la maison.
concernant la marche, pour ceux de notre époque (pour certains) ça peut paraitre impensable voir très dur. la distance, le poids, le physique de la personne. de nos jours, les unités d'infanteries, commandos et les gens qui partent en mission doivent pouvoir faire : exemple : marche de 32km avec équipement et armement ou marche de l'Yser ou MESA avec fitting léger (le faire mais sans timing) pour l'avoit testé en romain dans un jour d'une certaine chaleur, ça n'a pas été facile surtout avec mon scutum à bout de bras et le frottement de la cuirasse m'a "brûlé" le coté droit sur lequel j'ai encore une marque. j'ai été content aussi d'avoir mis de la peaux de mouton dans les caligae, ça m'a évité des cloches et une certaine fatigue. tout ça pour dire que ce n'est pas facile mais que nous n'avons plus la même condition physique qu'eux. notre activité physique est bien moindre qu'à l'époque. c'est une passion donc nous faisons des efforts et essayons de reproduire leurs vies avec notre vécu de comtemporain mais pour eux, c'était autre chose : c'était une question de survie durant le combat, etc.......
pour les horaires, j'ai juste écris ce que j'ai lu dans mes recherches tout en me demandant si c'est une moyenne? à quel moment ils ont "chronométré" cet exercice? comment l'écrivain de l'époque l'a su? est ce qu'il l'a fait lui même ou une source le lui a dit? d'un autre coté, je n'ai pas trouvé de source qui contredisait cela.
ceux qui ont plus d'info sur ce sujet ou sur n'importe quel autres activités ou exercices militaires romains, je suis preneur. | |
| | | Gothofrius Franceus URSUS
Messages : 50 Date d'inscription : 14/06/2011
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 9 Fév - 8:48 | |
| ah oui, petite précision sur la dernière phrase de Lupus : Il y a toujours eu (et il y a toujours), dans toutes les armées, des groupes d'élite, capables de performances étonnantes : le reste de la troupe suit ... à son rythme ! je suis entièrement d'accord sur cette phrase concernant l'armée actuelle, jamais je ne saurai suivre un commando, j'aurai soif avant lui quoi que.... pour la légion en marche, ça manquerait de cohesion et de discipline au cas ou (embuscade ou autres) si le reste de la troupe marchait à leur rythme. qu'en penses tu? | |
| | | Caius Benitus Fulgor Admin
Messages : 1446 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 38 Localisation : Bettrechies Nord
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Jeu 9 Fév - 16:32 | |
| Je suis d'accord avec tout ce que tu précise.
Avec toute notre bonne volonté, nous n'arriverons jamais "au niveau" qu'avaient nos ancêtres.
Mais c'est aussi en testant comme on le fait qu'on se rend compte de ces limites.
Moi je garde un bon souvenir de la marche, malgré la chaleur qui accablait terriblement. Mais je sais d'avance que mon dos me limite, que nos équipements ne sont pas à 300% au point... mais qu'avec de la volonté on arrive largement au dessus de ses limites fixées à la hâte.
Hâte de retester ça en avril et en août.
Sinon pour les entraînements, ton condensé ici présent (que j'avais copié / collé de l'ancien forum), est déjà très complet... donc pas plus d'infos à ce sujet pour le moment... | |
| | | Tiberius Antonius Serenus
Messages : 487 Date d'inscription : 09/06/2011 Age : 45 Localisation : Lille
| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain Lun 7 Oct - 21:05 | |
| J'ajoute une page internet regroupant des ecrits de Végèce sur le legionaire romain.
http://www.mediterranees.net/civilisation/armee_romaine/vegece/Livre_1/Int-francais.html#15
je vous conseil le chapitre 15 et 16...
Ça fait réfléchir même si c'est au 4ème siècle...
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| Sujet: Re: L'entraînement et l'équipement du soldat romain | |
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